Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, le parti de l’ex-président burkinabè Blaise Compaoré) a récusé dimanche, dans une déclaration, le choix de l’ex-président du Niger Mahamadou Issoufou en qualité de médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la crise socio-politique au Burkina Faso.
« Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès appelle de toutes ses forces les autorités de la Transition et le peuple burkinabè à récuser la désignation de Monsieur Mahamadou Issoufou en qualité de médiateur de la CEDEAO pour le Burkina Faso », a écrit le CDP dans sa déclaration signée par Achille Tapsoba, membre du bureau exécutif du parti. L’ancien parti au pouvoir, dont le président Blaise Compaoré a été renversé par un soulèvement populaire en 2014, a expliqué que Mahamadou Issoufou dans un « passé récent » s’est illustré comme un « acteur déterminant et de premier ordre » dans des crises antérieures que le Burkina Faso a connues.
« Il a, par ses soutiens politiques, diplomatiques et financiers, contribué à installer la chienlit dans notre pays en 2014. C’est ainsi qu’au Burkina Faso, personne de bonne foi ne peut nier l’implication personnelle de Monsieur Issoufou sur les évènements d’octobre 2014 », a-t-il soutenu. Le CDP a ajouté que l’ex-président Blaise Compaoré « arrivé légalement au pouvoir a été renversé par des militaires et une frange de la population avec le soutien de Mahamadou Issoufou ». Selon la même source, après la chute de Compaoré, Mahamadou Issoufou a « manœuvré de toutes ses forces » parmi ses pairs Chefs d’Etat de la CEDEAO pour consolider le pouvoir de transition en 2015 du Lieutenant-Colonel Yacouba Isaak Zida « en vue de la transmission du pouvoir à ses amis du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) de Salif Diallo, de Simon Compaoré et de Roch Marc Christian Kaboré ».
En outre, le CDP a estimé que le peuple nigérien et l’opinion internationale « n’ont pas oublié que le soi-disant démocrate Mahamadou Issoufou a jeté en prison son principal opposant politique en période électorale. Sans compter sa propension à réprimer les manifestations des démocrates nigériens pour réclamer la justice ».
Pour le CDP, un médiateur est à priori une personnalité impartiale et à équidistance des parties et jouissant d’une crédibilité avérée envers tous, concluant que « force est de reconnaître que Monsieur Mahamadou Issoufou ne répond nullement de ces considérations et critères sus évoqués ». Le 24 janvier dernier, des militaires burkinabè ont renversé l’ex président Roch Marc Christian Kaboré, ouvrant ainsi la voie à une transition politique de trois ans un délai jugé « très long » par la CEDEAO qui a suspendu le pays de ses instances.
Le sommet extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, consacré à l’examen de l’évolution politique au Burkina Faso, en Guinée et au Mali, tenu le 04 Juin 2022 à Accra en république du Ghana, a désigné Mahamadou Issoufou ancien Président du Niger comme médiateur sur la crise au Burkina Faso.