La télévision et internet sont arrivés au sein du cinéma et ont fait concurrence à ce moyen de divertissement. La baisse du pouvoir d’achat fait aussi parti des maux qui minent l’industrie du 7ème art au Cameroun.
Après des années de sevrage, les camerounais reprennent peu à peu le goût de l’extase. Deux à trois heures de temps dans une salle de cinéma à regarder un film, que demander de plus au bon Dieu ! La réouverture de certaines salles de cinéma au Cameroun fait le bonheur des cinéphiles. Canal Olympia en 2016 avec l’homme d’affaire français le plus puissant en Afrique : Vincent Bolloré. Le cinéma Eden à Douala en 2018, la plus grande salle de cinéma en Afrique pour ne citer que ces deux exemples « quand on va en salle on est plus à l’aise que regarder son film seul à la maison. On y passe des moments forts inoubliables d’émotions» explique Stéphane Wabo, boutiquier.
Nostalgique des bons vieux ciné-clubs et vidéos-clubs, plusieurs ne pouvaient plus profiter de ce loisir. Puisqu’on assiste à un arrêt cardiaque de la culture cinématographique en 2009 avec la fermeture des trois dernières salles de cinéma du pays à savoir le cinéma théâtre Abbia à Yaoundé, le Wouri à Douala et l’Empire à Bafoussam. Pourtant, dans les années 1970, il y avait plus de salles de cinéma au Cameroun, 32 pour être exacte. Il est évident que l’absence de ces salles obscures dont les seuls trésors étaient les images en couleur distillées par un tube cathodique couplé à un magnétoscope constituait un frein à la promotion du 7ème art.
Les raisons de la chute de l’industrie du cinéma camerounais
Si l’espoir d’opérer un miracle dans l’industrie du cinéma camerounais a progressivement disparu, la faute aux promoteurs qui n’ont pas tenu compte de certaines réalités « le pouvoir d’achat qui a baissé, des concurrents tels que les chaines de télévision et internet sont arrivées au sein du cinéma et ont fait concurrence à ce qui était le seul pôle de divertissement, le manque d’encadrement des pouvoir publics du fonctionnement des salles, qui n’ont pas juridiquement encadré leur existence pour qu’elles ne subissent pas la crise culturelle » soutient Michel Kuaté, cinéaste camerounais. .
Depuis 2002, dans le métier, Michel Kuaté avoue « Avant la fermeture de ces salles lorsque vous y alliez dans certaines pour regarder un film, les souries vous passaient entre les jambes, des cafards vous tombaient dessus ou sur le siège voisin ce qui ne donnait pas envie de retourner en salle » il est claire que les promoteurs n’ont pas pensé à un moment que les salles sont des entreprises et comme chaque entreprise, il faut restructurer quand il y a évolution ou quand il y a concurrence.
Le cinéma au pays des lions Indomptables est plongé dans une léthargie qui l’empêche d’être véritablement compétitif. Cet état comateux s’explique aussi dans la qualité des productions, le jeu des acteurs ou encore les sujets abordés, rien n’est fait avec un maximum de professionnalisme. Pourtant, dans une économie en développement comme celle du Cameroun, la compétition doit être au centre des préoccupations.