Il n’y a pas d’exception pour le pays de Samuel Eto’o. Comme partout ailleurs dans le monde, la femme camerounaise subit le chômage de plein fouet. Le document de stratégie pour la croissance et l’emploi révèle que les femmes sont les plus touchées par le chômage au Cameroun avec un taux de 4, 5% contre 3,1% chez les hommes. Par ailleurs, une étude menée par l’organisation internationale du travail montre que les femmes représentent moins de 50% de la population active dans le monde. Entre maternité et salaire de misère, le fossé est grand pour se faire une place au soleil.
Son sac à main suspendu à son poigné, Marguerite revient d’un entretien d’embauche et est plutôt déçue « cela fait six mois que j’ai postulé dans une société de fabrication de mèches. Aujourd’hui, ils m’ont appelé et me propose 35 000F CFA de salaire par mois » la jeune dame de 30 ans titulaire d’un Baccalauréat, dit n’avoir pas eu d’autre choix que d’accepter car, trouver un travail rémunéré est vraiment difficile. Il faut dire que comme Marguerite, de nombreuses femmes peinent à trouver un travail décent. En les voyant très souvent au volent de grosses voitures on pourrait croire que la gente féminine souffrent moins du problème de chômage au Cameroun. Pourtant, au regard des chiffres révélés par le document de stratégie pour la croissance et l’emploi, l’on constate que c’est tout le contraire. Ce document indique d’ailleurs que le taux de sous emploi au Cameroun est de 70% et les femmes sont les plus touchées par le chômage avec un taux de 4, 5% contre 3, 1% chez les hommes. Mais alors, comment peut- on avoir un taux de chômage aussi élevé chez les femmes ? À ce sujet, des responsables d’entreprises parlent du salaire dérisoire pour expliquer la surreprésentation des femmes dans le chômage.
Le salaire que proposent les employeurs repousse très souvent de nombreuses femmes en quête d’emploi. Celles qui ont la chance de décrocher un poste, ne peuvent malheureusement pas subvenir à leurs besoins encore moins, à ceux de leurs familles avec le maigre salaire qu’elles reçoivent. Pis encore si elles doivent emprunter un moyen de transport au quotidien pour se rendre au lieu de service. Ludovic Dacleu est le patron d’une entreprise informatique. L’homme d’affaire estime que, entre le salaire de misère qui leurs est proposé et leurs progénitures, le choix n’est pas difficile à faire « Aujourd’hui, les femmes refusent de laisser leurs enfants et de travailler pour un salaire de misère. Pourtant, un homme préfère un salaire de misère que de rester à la maison » Est-ce l’unique raison qui expliquerait que les hommes et les femmes ne sont pas logés dans la même enseigne en matière d’emploi ? Titiane Mefowet, responsable d’établissement scolaire pense que non « Lorsqu’une femme se présente et qu’elle est enceinte, il est clair qu’elle ne va pas tenir toute l’année. On sera obligé de la remplacer avant que l’année ne finisse. C’est une défaveur pour elle. Outre la maternité, le désir de certains époux de garder leurs épouses pour eux fait également partie des causes du sous-emploi féminin poursuit Titiane Mefowet « Il y a des conjoints qui viennent au lieu de service dire qu’ils ne veulent pas que l’on recrute leurs femmes, parce qu’elles doivent s’occuper des enfants à la maison »
D’un autre coté, les entrepreneurs ne tergiversent pas quand il faut choisir entre un homme et une femme pour le même poste. « On se dit de façon mentale la femme n’aura pas le rendement de l’homme, parce qu’un chef d’entreprise veux maximiser son rendement » affirme Ludovic Dacleu. Ainsi, la possession d’un diplôme ou même des compétences requises, ne garantissent pas toujours l’emploi à la femme au Cameroun pour preuve, moins de la moitié des femmes sont aujourd’hui activent principalement en Afrique sur une population estimée en pourcentage à 49,6 d’après un rapport 2017 de l’ONU sur les « les perspectives révisées de la population mondiale » aussi, l’institut nationale de la statistique indique par ailleurs que l’âge des chômeurs est d’environ 28 ans chez les hommes et de près de 27 ans chez les femmes.